Trois Textes Critiques. Par Paul Valéry. (1871-1945) TABLE DES MATIERES Discours Sur Bergson. L'Infini Esthétique. L'Invention Esthétique. Discours Sur Bergson. Discours Prononcé A L'Académie Française Le 9 Janvier 1941. Je pensais, au commencement de cette année qui trouve la France au plus bas, sa vie soumise aux épreuves les plus dures, son avenir presque inimaginable, que je devais exprimer ici les voeux que nous formons tous, absents et présents de cette Compagnie, pour que les temps qui viennent nous soient moins amers, moins sinistres, moins affreux que ceux que nous avons vécus en 1940, et vivons encore. Mais voici que dès les premiers jours de cette année nouvelle, l'Académie est en quelque sorte frappée à la tête. M. Bergson est mort samedi dernier, 4 janvier, à l'âge de quatre vingt un ans, succombant sans souffrance, semble-t-il, à une congestion pulmonaire. Le corps de cet homme illustre a été transporté lundi de son domicile au cimetière de Garches, dans les conditions nécessairement les plus simples et les plus nécessairement émouvantes. Point de funérailles; point de paroles; mais sans doute d'autant plus de pensée recueillie et de sentiment d'une perte extraordinaire chez tous ceux qui se trouvaient là. C'était une trentaine de personnes, réunies dans un salon, autour du cercueil. J'ai exprimé à Mme Bergson les condoléances de l'Académie, qu'elle m'a chargé de remercier en son nom. Aussitôt après, on est venu prendre le cercueil et, sur le seuil de la maison, nous avons salué une dernière fois le plus grand philosophe de notre temps. Il était l'orgueil de notre Compagnie. Que sa métaphysique nous eût ou non séduits, que nous l'ayons ou non suivi dans la profonde recherche à laquelle il a consacré toute sa vie, et dans l'évolution véritablement créatrice de sa pensée, toujours plus hardie et plus libre, nous avions en lui l'exemplaire le plus authentique des vertus intellectuelles les plus élevées. Une sorte d'autorité morale dans les choses de l'esprit s'attachait à son nom, qui était universel. La France sut faire appel à ce nom et à cette autorité dans des circonstances dont je m'assure qu'il vous souvient. Il eut quantité de disciples d'une ferveur, et presque d'une dévotion que personne après lui, dans le monde des idées, ne peut à présent se flatter d'exciter. Je n'entrerai pas dans sa philosophie. Ce n'est pas le moment de procéder à un examen qui demande d'être approfondi et ne peut l'être qu'à la lumière des jours de clarté et dans la plénitude de l'exercice de la pensée. Les problèmes très anciens, et par conséquent, très difficiles que M. Bergson a traités, comme celui du temps, celui de la mémoire, celui surtout du développement de la vie, ont été par lui renouvelés, et la situation philosophique, telle qu'elle se présentait en France, il y a une cinquantaine d'années, curieusement modifiée. À cette époque, la puissante critique kantienne, armée d'un redoutable appareil de contrôle de la connaissance, et d'une terminologie abstraite très savamment organisée dominait dans l'enseignement et s'imposait même à la politique, dans la mesure où la politique peut avoir quelque contact avec la philosophie. M. Bergson ne fut ni conquis ni intimidé par la rigueur de cette doctrine qui décrétait si impérativement les limites de la pensée, et il entreprit de relever la métaphysique de l'espèce de discrédit et d'abandon où il l'avait trouvée réduite. Vous savez quel retentissement fut celui de ses leçons au Collège de France, et quelle renommée obtinrent ses hypothèses et ses analyses dans le monde entier. Tandis que les philosophes, depuis le XVIIIe siècle, avaient été, pour la plupart, sous l'influence des conceptions physico- mécaniques, notre illustre confrère s'était laissé heureusement séduire aux sciences de la vie. La biologie l'inspirait. Il considéra la vie, et la comprit et la conçut comme porteuse de l'esprit. Il ne craignit pas de rechercher dans l'observation de sa propre conscience quelques lumières sur des problèmes qui ne seront jamais résolus. Mais il avait rendu le service essentiel de restaurer et de réhabiliter le goût d'une méditation plus approchée de notre essence que ne peut l'être un développement purement logique de concepts, auxquels, d'ailleurs, il est impossible, en général, de donner des définitions irréprochables. La vraie valeur de la philosophie n'est que de ramener la pensée à elle-même. Cet effort exige de celui qui veut le décrire, et communiquer ce qui lui apparaît de sa vie intérieure, une application particulière et même l'invention d'une manière de s'exprimer convenable à ce dessein, car le langage expire à sa propre source. C'est ici que se manifesta toute la ressource du génie de M. Bergson. Il osa emprunter à la Poésie ses armes enchantées, dont il combina le pouvoir avec la précision dont un esprit nourri aux sciences exactes ne peut souffrir de s'écarter. Les images, les métaphores les plus heureuses et les plus neuves obéirent à son désir de reconstituer dans la conscience d'autrui les découvertes qu'il faisait dans la sienne, et les résultats de ses expériences internes. Il en naquit un style, qui pour être philosophique, négligea d'être pédantesque, ce qui confondit, et même scandalisa quelques-uns, cependant que bien d'autres se réjouissaient de reconnaître dans la souplesse et la richesse gracieuse de ce langage, des libertés et des nuances toutes françaises, dont la génération précédente avait été convaincue qu'une spéculation sérieuse doit soigneusement se garder. Permettez-moi d'observer ici que cette reprise fut à très peu près contemporaine de celle qui se produisit dans l'univers de la musique, quand se manifesta l'oeuvre très subtile et très dégagée de Claude-Achille Debussy. Ce furent deux réactions caractéristiques de la France. Ce n'est pas tout. Henri Bergson, grand philosophe, grand écrivain, fut aussi, et devait l'être, un grand ami des hommes. Son erreur a peut-être été de penser que les hommes valaient que l'on fût leur ami. Il a travaillé de toute son âme à l'union des esprits et des idéaux, qu'il croyait devoir précéder celle des organismes politiques et des forces; mais, peut-être, est-ce tout le contraire qui doit se voir? Peut-être aussi faut-il considérer comme spécifiquement humains les antagonismes très variés qui existent entre les hommes, parmi lesquels figure celui qui oppose les partisans et les serviteurs de cette unité à ceux qui n'y croient point et la tiennent pour une dangereuse chimère. M. Bergson pensait sans doute que le sort même de l'esprit est inséparable du sentiment de sa présence et de sa valeur universelle: il rejoignit par là, et d'ailleurs, par d'autres points, la pensée la plus religieuse. Le sens de la vie, depuis ses manifestations les plus simples et les plus humbles lui paraissait essentiellement spirituel. Tout ceci nous permet d'imaginer quel put être l'état de cette vaste et profonde intelligence en présence des événements qui ont ruiné tant de belle prévision, et changé si rapidement et si violemment la face des choses. A-t-il désespéré? A-t-il pu garder sa foi dans l'évolution de notre espèce vers une condition de plus en plus relevée? Je l'ignore, puisque, ignorant aussi qu'il se trouvait à Paris depuis le mois de septembre, et n'y ayant appris sa présence qu'au même instant que j'apprenais sa mort, je n'ai pas été lui faire visite. Mais je ne doute point qu'il n'ait été cruellement atteint jusqu'au fond de lui-même par le désastre total dont nous subissons les effets. Très haute, très pure, très supérieure figure de l'homme pensant, et peut-être l'un des derniers hommes qui auront exclusivement, profondément, et supérieurement pensé, dans une époque du monde où le monde va pensant et méditant de moins en moins, où la civilisation semble, de jour en jour, se réduire au souvenir et aux vestiges que nous gardons de sa richesse multiforme et de sa production intellectuelle libre et surabondante, cependant que la misère, les angoisses, les contraintes de tout ordre dépriment ou découragent les entreprises de l'esprit, Bergson semble déjà appartenir à un âge révolu, et son nom, le dernier grand nom de l'histoire de l'intelligence européenne. L'Infini Esthétique. La plupart de nos perceptions excitent en nous, quand elles excitent quelque chose, ce qu'il faut pour les annuler ou tenter de les annuler. Tantôt par un acte, réflexe ou non, -tantôt par une sorte d'indifférence, acquise ou non, nous les abolissons ou tentons de les abolir. Il existe en nous à leur égard une tendance constante à revenir au plus tôt à l'état où nous étions avant qu'elles se soient imposées ou proposées à nous: il semble que la grande affaire de notre vie soit de remettre au zéro je ne sais quel index de notre sensibilité, et de nous rendre par le plus court un certain maximum de liberté ou de disponibilité de notre sens. Ces effets de nos modifications perceptibles qui tendent à en finir avec elles sont aussi divers qu'elles-mêmes sont diverses. On peut toutefois les assembler sous un nom commun, et dire: l'ensemble des effets à tendance finie constitue l'ordre des choses pratiques. Mais il est d'autres effets de nos perceptions qui sont tout opposés à ceux-ci: ils excitent en nous le désir, le besoin, les changements d'état qui tendent à conserver, ou à retrouver, ou à reproduire les perceptions initiales. Si un homme a faim, cette faim lui fera faire ce qu'il faut pour être au plus tôt annulée; mais si l'aliment lui est délicieux, ce délice voudra en lui durer, se perpétuer ou renaître. La faim nous presse d'abréger une sensation; le délice, d'en développer une autre; et ces deux tendances se feront assez indépendantes pour que l'homme apprenne bientôt à raffiner sur sa nourriture et à manger sans avoir faim. Ce que j'ai dit de la faim s'étend aisément au besoin de l'amour; et d'ailleurs à toutes les espèces de sensation, à tous les modes de la sensibilité dans lesquels l'action consciente peut intervenir pour restituer, prolonger ou accroître ce que l'action réflexe toute seule semble faite pour abolir. La vue, le toucher, l'odorat, l'ouïe, le mouvoir, le parler nous induisent de temps à autre à nous attarder dans les impressions qu'ils nous causent, à les conserver on à les renouveler. L'ensemble de ces effets à tendance infinie que je viens d'isoler, pourrait constituer l'ordre des choses esthétiques. Pour justifier ce mot d'infini et lui donner un sens précis, il suffit de rappeler que, dans cet ordre, la satisfaction fait renaître le besoin, la réponse régénère la demande, la présence engendre l'absence, et la possession le désir. Tandis que dans l'ordre que j'ai appelé pratique, le but atteint fait évanouir toutes les conditions sensibles de l'acte, (dont la durée elle-même est comme résorbée, ou ne laisse guère qu'un souvenir abstrait et sans force), il en est tout contrairement dans l'ordre esthétique. Dans cet «univers de sensibilité», la sensation et son attente sont en quelque manière réciproques, et se recherchent, l'une l'autre indéfiniment, comme dans «l'univers des couleurs», des complémentaires se succèdent et s'échangent l'une contre l'autre, à partir d'une forte impression de la rétine. Cette sorte d'oscillation ne cesse point d'elle-même elle ne s'épuise ou n'est interrompue que par quelque circonstance étrangère -comme la fatigue -qui l'extermine, abolissant ou différant la reprise. La fatigue (par exemple) s'accompagne d'une diminution de sensibilité à l'égard de la chose qui fut d'abord un délice ou un désir: il faut changer d'objet. Le changement se fait souhaitable en soi: la variété se fait demander comme complémentaire de la durée de notre sensation et comme remède à une satiété qui résulte de l'épuisement des ressources finies de notre organisme, sollicité par une tendance infinie, locale, particulière; nous serions donc un système d'intersection de fonctions -système dont les interruptions de chaque activité partielle seraient une condition. Pour pouvoir désirer encore, il faut désirer autre chose; et le besoin de changement s'introduit comme indice du désir de désir, ou désir de quoi que ce soit qui se fasse convoiter. Mais si l'événement ne se produit pas, si le milieu où nous vivons ne nous offre pas assez promptement un objet digne d'un développement infini, notre sensibilité s'excite à produire soi- même des images de ce qu'elle souhaite, comme la soif engendre des idées de boissons merveilleusement fraîches... Ces considérations très simples permettent de séparer ou de définir assez nettement ce domaine issu de nos perceptions et entièrement constitué par les relations internes et les variations propres de notre sensibilité que j'ai nommé l'ordre des choses esthétiques. Mais l'ordre des tendances finies, l'ordre pratique, qui est l'ordre de l'action, se combine de bien des manières avec celui-ci. En particulier, ce que nous appelons une «OEuvre d'art» est le résultat d'une action dont le but fini est de provoquer chez quelqu'un des développements infinis. D'où l'on peut déduire que l'artiste est un être double, car il compose les lois et les moyens du monde de l'action en vue d'un effet à produire l'univers de la résonance sensible. Quantité de tentatives ont été faites pour réduire les deux tendances à l'une d'entre elles: l'Esthétique n'a point d'autre objet. Mais le problème demeure entier. L'Invention Esthétique. Le désordre est essentiel à la «création», en tant que celle-ci se définit par un certain «ordre». Cette création d'ordre tient à la fois de formations spontanées que l'on peut comparer à celles des objets naturels qui présentent des symétries ou des figures «intelligibles» par elles-mêmes; et d'autre part, de l'acte conscient (c'est-à-dire: qui permet de distinguer et d'exprimer séparément une fin et des moyens). En somme, dans l'oeuvre d'art, deux constituants sont toujours présents: I° ceux dont nous ne concevons pas la génération, qui ne peuvent s'exprimer en actes, quoiqu'ils puissent ensuite être modifiés par actes; 2° ceux qui sont articulés, ont pu être pensés. Il y a dans toute oeuvre une certaine proportion de ces constituants, proportion qui joue un rôle considérable dans l'art. Selon que le développement de l'un ou de l'autre est prépondérant, les époques, les écoles se distinguent. En général, les réactions successives qui marquent l'histoire d'un art ininterrompu dans le temps, se réduisent à des modifications de cette proportion, le réfléchi succédant au spontané dans le caractère principal des oeuvres, et réciproquement. Mais ces deux facteurs sont toujours présents. La composition musicale, par exemple, exige la traduction en signes d'actes (qui auront des sons pour effets) d'idées mélodiques ou rythmiques qui se détachent de l' «univers des sons» considérés comme «désordre» -ou plutôt comme ensemble virtuel de tous les ordres possibles sans que cette détermination particulière nous soit, en elle-même, concevable. Le cas de la Musique et particulièrement important, -c'est celui qui montre, à l'état le plus pur, le jeu des formations et des constructions combinées. La Musique est pourvue d'un univers de choix, -celui des sons prélevés sur l'ensemble des bruits, bien distingués de ceux-ci, et qui sont à la fois classés et repérés sur des instruments qui permettent de les produire identiquement par actes. L'univers des sons étant ainsi bien défini et organisé, l'esprit du musicien se trouve, en quelque sorte dans un seul système de possibilités: l'état musical lui est donné. S'il se produit une formation spontanée, elle pose aussitôt tout un ensemble de relations avec la totalité du monde sonore, et le travail réfléchi viendra appliquer ses actes sur ces données: il consistera à exploiter leurs divers rapports avec le domaine auquel appartiennent leurs éléments. L'idée première se propose telle quelle. Si elle excite le besoin ou le désir de se réaliser, elle se donne une fin, qui est l'oeuvre, et la conscience de cette destination appelle tout l'appareil des moyens et prend le type de l'action humaine complète. Délibérations, parti pris, tâtonnements, apparaissent dans cette phase que j'ai appelée «articulée». Les notions de «commencement» et de «fin» qui sont étrangères à la production spontanée, n'interviennent également qu'au moment où la création esthétique doit prendre les caractères d'une fabrication. En matière de poésie, le problème est beaucoup plus complexe. Je résume les difficultés qu'il offre: A. La poésie et un art du langage. Le langage est une combinaison de fonctions toutes hétéroclites, coordonnées en réflexes acquis par un usage qui consiste en tâtonnements innombrables. Des éléments moteurs, auditifs, visuels, mnémoniques, forment des groupes plus ou moins stables; et leurs conditions de production, d'émission, et les effets de leur réception sont sensiblement différents selon les personnes. La prononciation, le ton, l'allure de la voix, le choix des mots; -d'autre part, les réactions psychiques excitées, l'état de celui à qui l'on parle... autant de variables indépendantes et de facteurs indéterminés. Tel discours ne tiendra aucun compte de l'euphonie; tel autre, de la suite logique; tel autre de la vraisemblance..., etc. B. Le langage est un instrument pratique; davantage il est attaché de si près au «moi», dont il exprime, par le plus court, tous les états à lui-même, que ses vertus esthétiques (sonorités, rythmes, résonances d'images, etc.) sont constamment négligées, et rendues imperceptibles. On arrive à les considérer comme on considère en mécanique les frottements (Disparition de la Calligraphie). C. La poésie, art du langage, est donc contrainte de lutter contre la pratique et l'accélération moderne de la pratique. Elle mettra en valeur tout ce qui peut la différencier de la prose. D. Donc, tout différent du musicien et moins heureux, le poète est contraint de créer, à chaque création, l'univers de la poésie, - c'est-à-dire: l'état psychique et affectif dans lequel le langage peut remplir un rôle tout autre que celui de signifier ce qui est ou fut ou va être. Et tandis que le langage pratique est détruit, résorbé, une fois le but atteint (la compréhension), le langage poétique doit tendre à la conservation de la forme. E. Signification n'est donc pas pour le poète l'élément essentiel, et finalement le seul, du langage: il n'en est que l'un des constituants. L'opération du poète s'exerce au moyen de la valeur complexe des mots, c'est-à-dire en composant à la fois son et sens (je simplifie...) comme l'algèbre opérant sur des nombres complexes. Je m'excuse de cette image. F. De même, la notion simple de sens des paroles ne suffit pas à la poésie: j'ai parlé de résonance, tout à l'heure, par figure. Je voulais faire allusion aux effets psychiques que produisent les groupements de mots et de physionomies de mots, indépendamment des liaisons syntaxiques, et par les influences réciproques (c'est-à- dire: non syntaxiques) de leurs voisinages. G. Enfin, les effets poétiques sont instantanés, comme tous les effets esthétiques, comme tous les effets sensoriels. La poésie est d'ailleurs essentiellement «in actu». Un poème n'existe qu'au moment de sa diction, et sa vraie valeur est inséparable de cette condition d'exécution. C'est dire à quel point l'enseignement de la poésie est absurde, qui se désintéresse totalement de la prononciation et de la diction. Il résulte de tout ceci que la création poétique est une catégorie très particulière d'entre les créations artistiques; à cause de la nature du langage. Cette nature complexe fait que l'état naissant des poèmes peut être très divers: tantôt un certain sujet, tantôt un groupe de mots, tantôt un simple rythme, tantôt (même) un schéma de forme prosodique, peuvent servir de germes et se développer en pièce organisée. C'est un fait important à noter que cette équivalence des germes. J'oubliais, parmi ceux que j'ai cités, de mentionner les plus étonnants. Une feuille de papier blanc; un temps vide; un lapsus; une erreur de lecture; une plume agréable à la main. Je n'entrerai pas dans l'examen du travail conscient, et de la question de l'analyser en actes. Je n'ai voulu que donner une idée très sommaire du domaine de l'invention poétique proprement dite qu'il ne faut pas confondre, comme on le fait constamment, avec celui de l'imagination sans conditions et sans matière. Source: http://www.poesies.net