La Découverte Du Nouveau Monde. Fragments D'Iphis. Par Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) Tragédies. TABLE DES MATIERES La Découverte Du Nouveau Monde. Acteurs. ACTE I Scène I Scène II Scène III Scène IV Scène V ACTE II Scène I Scène II Scène III ACTE III Scène I Scène II Scène III Scène IV Scène V Fragments D'Iphis. Scène I Scène II Scène III Scène IV Scène V Scène VI Acteurs. LE CACIQUE, de l'Isle de Guanahan, conquérant d'une partie des Antilles. DIGIZE, épouse du Cacique. CARIME, Princesse Américaine. COLOMB, chef de la flotte Espagnole. ALVAR, officier Castillan. LE GRAND-PRÊTRE des Américains. NOZIME, Américain. TROUPE de Sacrificateurs Américains. TROUPE d'Espagnols & d'Espagnoles de la flotte. TROUPE d'Américains & d'Américaines. ACTE I La Scène est dans l'Isle de Guanahan. Le Théâtre représente la forêt sacrée, où les peuples de Guanahan venoient adorer leurs Dieux. Scène I LE CACIQUE, CARIME. LE CACIQUE. Seule en ces bois sacrés! eh! qu'y faisoit Carime? CARIME. Eh! quel autre que vous devroit le savoir mieux? De mes tourmens secrets j'importunois les Dieux; J'y pleurois mes malheurs; m'en faites-vous un crime? LE CACIQUE. Loin de vous condamner, j'honore la vertu, Qui vous fait, prés des Dieux, chercher la confiance, Que l'effroi vient d'ôter à mon peuple abattu. Cent présages affreux, troublant notre assurance, Semblent du Ciel annoncer le courroux: Si nos crimes ont pu mériter sa vengeance, Vos voeux l'éloigneront de nous, En saveur de votre innocence. CARIME. Quel fruit espérez-vous de ces détours honteux? Cruel! vous insultez à mon sort déplorable. Ah! si l'amour me rend coupable, Est-ce à vous à blâmer mes feux? LE CACIQUE. Quoi! vous parlez d'amour en ces momens funestes! L'amour échauffe-t-il des coeurs glacés d'effroi? CARIME. Quand l'amour est extrême, Craint-on d'autre malheur. Que la froideur De ce qu'on aime? Si Digizé vous vantoit son ardeur, Lui répondriez-vous de même? LE CACIQUE. Digizé m'appartient par des noeuds éternels, En partageant mes feux, elle a rempli mon trône; Et quand nous confirmons nos sermens mutuels, L'amour le justifie, & le devoir l'ordonne. CARIME. L'amour & le devoir s'accordent rarement: Tour-à-tour, seulement, ils regnent dans une ame. L'amour forme l'engagement; Mais le devoir éteint la flâme. Si l'hymen a pour vous des attraits si charmans, Redoublez, avec moi, ses doux engagemens; Mon coeur consent à ce partage: C'est un usage établi parmi nous. LE CACIQUE. Que me proposez-vous, Carime? quel langage! CARIME. Tu t'offenses, cruel, d'un langage si doux; Mon amour & mes pleurs excitent ton courroux. Tu vas triompher en ce jour! Ah! si tes yeux ont plus de charmes, Ton coeur a-t-il autant d'amour? LE CACIQUE. Cessez de vains regrets, votre plainte est injuste: Ici vos pleurs blessent mes yeux. Carime, ainsi que vous, en cet asyle auguste, Mon coeur a ses secrets à révéler aux Dieux. CARIME. Quoi, barbare! au mépris tu joins enfin l'outrage! Va, tu n'entendras plus d'inutiles soupirs; A mon amour trahi tu préfères ma rage; Il faudra te servir au gré de tes desirs. LE CACIQUE. Que son sort est à plaindre! Mais les fureurs n'obtiendront rien. Pour un coeur fait comme le mien, Ses pleurs étoient bien plus à craindre. Scène II LE CACIQUE seul. Lieu terrible, lieu révéré, Séjour des Dieux de cet empire. Déployez, dans les coeurs, votre pouvoir sacré: Dieux, calmez un peuple égaré; De ses sens effrayés dissipez ce délire. Ou, si votre puissance enfin n'y peut suffire, N'usurpez plus un nom vainement adoré. Je me le cache en vain, moi-même je frissonne; Une sombre terreur m'agite malgré moi. Cacique malheureux, ta vertu t'abandonne; Pour la premiere fois ton courage s'étonne; La crainte & la frayeur se sont sentir à toi. Lieu terrible, lieu révéré, Séjour des Dieux de cet empire, Déployez, dans les coeurs, votre pouvoir sacré: Rassurez un peuple égaré; De ses sens effrayés, dissipez ce délire. Ou si votre puissance, &c. N'usurpez plus, &c. Mais quel est le sujet de ces craintes frivoles? Les vains pressentimens d'un peuple épouvanté, Les mugissemens des idoles, Ou l'aspect effrayant d'un astre ensanglanté? Ah! n'ai-je tant de fois enchaîné la victoire, Tant vaincu de rivaux, tant obtenu de gloire; Que pour la perdre enfin par de si foibles coups! Gloire frivole, eh! sur quoi comptons-nous! Mais je vois Digizé, cher objet de ma flâme; Tendre épouse, ah! mieux que les Dieux. L'éclat de tes beaux yeux Ranimera mon ame. Scène III DIGIZE, LE CACIQUE. DIGIZE. Seigneur, vos sujets éperdus, Saisis d'effroi, d'horreur, cèdent à leurs alarmes; Et parmi tant de cris, de soupirs & de larmes, C'est pour vous qu'ils craignent le plus. Quel que soit le sujet de leur terreur mortelle, Ah! fuyons, cher époux, fuyons; sauvons vos jours. Par une crainte hélas! qui menace leur coeurs, Mon coeur sont une mort réelle. LE CACIQUE. Moi, fuir! leur cacique, leur roi! Leur pere! enfin l'esperes-tu de moi, Sur la vaine terreur dont ton esprit se blesse. Moi, fuir! ah Digizé, que me proposes-tu? Un coeur chargé d'une foiblesse Conserveroit-il ta tendresse, En abandonnant la vertu? Digizé, je chéris le noeud qui nous assemble, J'adore tes appas, ils peuvent tout sur moi; Mais j'aime encor mon peuple autant que toi; Et la vertu plus que tous deux ensemble. Scène IV NOZIME, LE CACIQUE, DIGIZE. NOZIME. Par votre ordre, Seigneur, les prêtres rassemblés Vont bientôt, en ces lieux, commencer le mystere. LE CACIQUE. Et les peuples? NOZIME. Toujours également troublés Tous frémissent au récit d'un mal imaginaire. Ils disent qu'en ces lieux des enfans du soleil Doivent bientôt descendre, en superbe appareil. Tout tremble à leur nom seul; & ces hommes terribles, Affranchis de la mort, aux coups inaccessibles, Doivent tout asservir à leur pouvoir fatal: Trop fiers d'être immortels, leur orgueil sans égal Des rois fait leurs sujets; des peuples leurs esclaves; Leurs récits effrayans étonnent les plus braves. J'ai vainement cherché les auteurs insensés De ces bruits..... LE CACIQUE. Laissez-nous Nozime: c'est assez. DIGIZE. Grands Dieux! Que produira cette terreur publique! Quel sera ton destin, infortuné Cacique? Hélas! Ce doute affreux ne trouble-t-il que moi? LE CACIQUE. Mon sort est décidé; je suis aimé de toi. Dieux puissans, Dieux jaloux de mon bonheur suprême, Des fiers, enfans du ciel secondez les projets: Armez à votre gré la terre, l'enfer même; Je puis braver & la foudre & vos traits. Déployez contre moi votre injuste vengeance; J'en redoute peu les effets: Digizé seule, en sa puissance, Tient mon bonheur & mes succès. Dieux puissans, Dieux jaloux de mon bonheur suprême, Des fiers enfans du ciel secondez les projets: Armez à votre gré la terre, l'enfer même; Je puis braver & la foudre & vos traits. DIGIZE. Où vous emporte un excès de tendresse? Ah! n'irritons point les Dieux: Plus on prétend braver les Cieux, Plus on sent sa propre foiblesse. Ciel, protecteur de l'innocence, Eloigné nos dangers, dissipe notre effroi. Eh! des foibles humains qui prendra la défense, S'ils n'osent espérer en toi! Du plus parfait amour la flâme légitime Auroit-elle offensé tes yeux? Ah! si des feux si purs devant toi sont un crime, Détruis la race humaine, & ne fais que des Dieux. Ciel, protecteur de l'innocence, Eloigné nos dangers, dissipe notre effroi. Eh! des foibles humains qui prendra la défense, S'ils n'osent espérer en toi! LE CACIQUE. Chere épouse, suspends d'inutiles alarmes: Plus que de vains malheurs, tes pleurs me vont coûter. Ai-je, quand tu verses des larmes, De plus grands maux à redouter? Mais j'entends retentir les instrumens sacrés, Les prêtres vont paroître: Gardez-vous de laisser connoître Le trouble auquel vous vous livrez. Scène V LE CACIQUE, LE GRAND-PRÊTRE, DIGIZE, TROUPE DE PRÊTRES. LE GRAND-PRÊTRE. C'est ici le séjour de nos Dieux formidables; Ils rendent, en ces lieux, leurs arrêts redoutables: Que leur présence en nous imprime un saint respect: Tout doit frémir à leur aspect. LE CACIQUE. Prêtres sacrés des Dieux, qui protégez ces isles, Implorez leur secours sur mon peuple & sur moi, Obtenez d'eux qu'ils bannissent l'effroi, Qui vient troubler ces lieux tranquilles. Des présages affreux Répandent l'épouvante; Tout gémit dans l'attente De cent maux rigoureux. Par vos accens terribles, Evoquez les destins: Si nos maux sont certains, Ils seront moins sensibles. LE GRAND-PRÊTRE, Alternativement avec le Choeur. Ancien du monde, Etre des jours, Sois attentif à nos prieres, Soleil, suspends ton cours, Pour éclairer nos mysteres. LE GRAND-PRÊTRE. Dieux, qui veillez sur cet empire, Manifestez vos soins, soyez nos protecteurs. Bannissez de vaines terreurs, Un signe seul vous peut suffire: Le vil effroi peut-il frapper des coeurs Que votre confiance inspire CHOEUR. Ancien du monde, Etre des jours, Sois attentif à nos prieres. Soleil, suspends ton cours, Pour éclairer nos mysteres. LE GRAND-PRÊTRE. Conservez à son peuple un prince généreux, Que de votre pouvoir digne dépositaire, Il soit heureux comme les Dieux; Puisqu'il remplit leur ministere, Et qu'il est bienfaisant comme eux, CHOEUR. Ancien du monde, &c. LE GRAND-PRÊTRE. C'en est assez. Que l'on fasse silence. De nos rites sacrés déployons la puissance. Que vos sublimes sons, vos pas mystérieux, De l'avenir, soustrait aux mortels curieux, Dans mon coeur inspiré portent la connoissance. Mais la fureur divine agite mes esprits, Mes sens sont étonnés, mes regards éblouis; La nature succombe aux efforts réunis De ces ébranlemens terribles....... Non, des transports nouveaux affermissent mes sens; Mes yeux, avec effort, percent la nuit des tems..... Ecoutez du destin les décrets inflexibles. Cacique infortuné, Tes exploits sont flétris, ton regne est terminé. Ce jour en d'autres mains fait passer ta puissance. Tes peuples asservis sous un joug odieux Vont perdre, pour jamais, les plus chers dons des cieux, Leur liberté, leur innocence. Fiers enfans du soleil, vous triomphez de nous; Vos arts sur nos vertus vous donnent la victoire. Mais, quand nous tombons sous vos coups, Craignez de payer cher nos maux & votre gloire. Des nuages confus naissant de toutes parts.... Les siecles sont voilés à mes foibles regards. LE CACIQUE. De vos arts mensongers cessez les vains prestiges. Les prêtres se retirent, après quoi son entend le choeur suivant, derriere le théâtre. CHOEUR derriere le théâtre. O ciel! ô ciel! quels prodiges nouveaux! Et quels monstres ailés paroissent sur les eaux! DIGIZE. Dieux! quels sont ces nouveaux prodiges? CHOEUR derriere le théâtre. O ciel! ô ciel, &c. LE CACIQUE. L'effroi trouble les yeux de ce peuple timide; Allons appaiser ses transports. DIGIZE. Seigneur, où courez.-vous, quel vain espoir vous guide? Contre l'arrêt des Dieux que servent vos efforts! Mais il ne m'entend plus, il suit, destin sévere, Ah! ne puis je du moins, dans ma douleur amere, Sauver un de ses jours, au prix de mille morts. ACTE II Le théâtre représente un rivage entrecoupé d'arbres & de rochers. On voit, dans l'enfoncement, débarquer la flotte Espagnole, au son des trompettes & des timbales. Scène I COLOMB, ALVAR, TROUPE D'ESPAGNOLS ET D'ESPAGNOLES. CHOEUR. Triomphons, triomphons sur la terre & sur l'onde, Donnons des loix à l'univers, Notre audace, en ce jour, découvre un nouveau monde, Il est fait pour porter nos fers. COLOMB, tenant d'une main une épée nue, & de l'autre l'étendard de Castille. Climats, dont à nos yeux s'enrichit la nature, Inconnus aux humains, trop négligés des cieux, Perdez la liberté: Il plante l'étendard en terre. Mais portez, sans murmure, Un joug encor plus précieux. Chers compagnons, jadis l'Argonaute timide Eternisa son nom dans les champs de Colchos. Aux rives de Gadès, l'impétueux Alcide Borna sa course & ses travaux. Un art audacieux, en nous servant de guide, De l'immense Océan nous a soumis les flots. Mais qui célébrera notre troupe intrépide, A l'égal de tous ces héros! Célébrez ce grand jour d'éternelle mémoire; Entrez, par les plaisirs, au chemin de la gloire: Que vos yeux enchanteurs brillent de toutes parts; De ce peuple sauvage étonnez les regards. CHOEUR. Célébrons ce grand jour d'éternelle mémoire; Que nos yeux enchanteurs brillent de toutes parts. On danse. ALVAR. Fiere Castille, étends par-tout tes loix, Sur toute la nature exerce ton empire; Pour combler tes brillans exploits, Un monde entier n'a pu suffire. Maîtres des élémens, héros dans les combats, Répandons en ces lieux la terreur, le ravage: Le ciel en fit notre partage, Quand il rendit l'abord de ces climats Accessible à notre courage. Fiere Castille, &c. Danses guerrieres. UNE CASTILLANE Volez, conquérans redoutables, Allez remplir de grands destins: Avec des armes plus aimables, Nos triomphes sont plus certains Qu'ici d'une gloire immortelle Chacun se couronne à son tour: Guerriers, vous y portez l'empire d'Isabelle, Nous y portons l'empire de l'amour, Volez, conquérans, &c. Danses. ALVAR ET LA CASTILLANE. Jeunes beautés, guerriers terribles, Unissez-vous, soumettez l'univers. Si quelqu'un se dérobe à des coups invincibles, Par de beaux yeux qu'il soit chargé de fers. COLOMB. C'est assez exprimer notre allégresse extrême, Nous devons nos momens à de plus doux transports. Allons aux habitans, qui vivent sur ces bords, De leur nouveau destin porter l'arrêt suprême. Alvar, de nos vaisseaux ne vous éloignez pas; Dans ces détours cachés dispersez vos soldats. La gloire d'un guerrier est assez satisfaite, S'il peut favoriser une heureuse retraite: Allez; si nous avons à livrer des combats, II sera bientôt tems d'illustrer votre bras. CHOEUR. Triomphons, triomphons sur la terre & sur l'onde; Portons nos loix au bout de l'univers: Notre audace, en ce jour, découvre un nouveau monde: Nous sommes faits pour lui donner des fers. Scène II CARIME seule. Transports de ma fureur, amour, rage funeste; Tyrans de la raison, où guidez-vous mes pas? C'est assez déchirer mon coeur par vos combats; Ha! du moins éteignez un feu que je déteste, Par mes pleurs ou par mon trépas. Mais je l'espere en vain, l'ingrat y regne encore, Ses outrages cruels n'ont pu me dégager. Je reconnois toujours, hélas! que je l'adore, Par mon ardeur à m'en venger. Transports de ma fureur, &c. Mais que servent ces pleurs?.... Qu'elle pleure elle-même. C'est ici le séjour des enfans du soleil, Voilà de leur abord le superbe appareil, Qu'y viens-je faire hélas! dans ma fureur extrême? Je viens leur livrer ce que j'aime, Pour leur livrer ce crue je hais! Oses-tu l'espérer, infidelle Carime? Les fils du ciel sont-ils faits pour le crime? Ils détesteront tes forfaits. Mais s'ils avoient aimé.....s'ils ont des coeurs sensibles; Ah! sans doute ils le sont, s'ils ont reçu le jour. Le ciel peut-il former des coeurs inaccessibles Aux tourmens de l'amour! Scène III ALVAR, CARIME. ALVAR. Que vois-je! Quel éclat! Ciel! Comment tant de charmes Se trouvent-ils en ces déserts! Que serviront ici la valeur & les armes? C'est à nous d'y porter les fers. CARIME, en action de se prosterner, Je suis encor, seigneur, dans l'ignorance Des hommages qu'on doit.... ALVAR, la retenant. J'en puis avoir reçus: Mais où brille votre présence, C'est à vous seule qu'ils sont dus. CARIME. Quoi donc! refusez-vous, Seigneur, qu'on vous adore? N'êtes-vous pas des Dieux! ALVAR. On ne doit adorer que seule en ces lieux, Au titre de héros nous aspirons encore: Mais daignez m'instruire à mon tour, Si mon coeur en ce lieu sauvage Doit en vous admirer l'ouvrage De la nature ou de l'amour? CARIME. Vous séduisez le mien par un si doux langage, Je n'en attendois pas de tels en ce séjour. ALVAR. L'amour veut par mes soins réparer en ce jour Ce qu'ici vos appas ont de désavantage: Ces lieux grossiers ne sont pas faits pour vous: Daignez nous suivre en un climat plus doux. Avec tant d'appas en partage, L'indifférence est un outrage Que vous ne craindrez pas de nous. CARIME. Je serai plus encor; & je veux que cette isle, Avant la fin du jour, reconnoisse vos loix. Les peuples effrayés vont d'asyle en asyle Chercher leur sureté dans le fond de nos bois: Le Cacique lui-même en d'obscures retraites A déposé ses biens les plus chéris. Je connois les détours de ces routes secretes. Des ôtages si chers.... ALVAR. Croyez-vous qu'à ce prix Nos coeurs soient satisfaits d'emporter la victoire? Notre valeur suffit pour nous la procurer. Vos soins ne serviroient qu'à ternir notre gloire, Sans la mieux assurer. CARIME. Ainsi, tout se refuse à ma juste colere! ALVAR. Juste ciel, vous pleurez! ai-je pu vous déplaire? Parlez, que falloit-il?.... CARIME. Il falloit me venger. ALVAR. Quel indigne mortel a pu vous outrager? Quel monstre a pu former ce dessein téméraire? CARIME. Le Cacique. ALVAR. Il mourra: c'est fait de son destin. Tous moyens sont permis pour punir une offense, Pour courir à la gloire il n'est qu'un seul chemin; Il en est cent pour la vengeance. Il faut venger vos pleurs & vos appas; Mais mon zele empressé n'est pas ici le maître: Notre chef, en ces lieux, va bientôt reparoître Je vais tout préparer pour marcher sur vos pas. ENSEMBLE. Vengeance, amour, unissez-vous; Portez par-tout le ravage. Quand vous animez le courage, Rien ne résiste à vos coups. ALVAR. La colere en est plus ardente, Quand ce qu'on aime est outragé. CARIME. Quand l'amour en haine est changé, La rage est cent fois plus puissante. ENSEMBLE. Vengeance, amour, unissez-vous, &c. ACTE III Le théâtre change & représente les appartemens du Cacique, Scène I DIGIZE seule. Tourmens des tendres coeurs, terreurs, craintes fatales, Tristes pressentimens, vous voilà donc remplis. Funeste trahison d'une indigne rivale, Noirs crimes de l'amour, restez-vous impunis? Hélas! dans mon effroi timide, Je ne soupçonnois pas, cher & fidele époux, De quelle main perfide Te viendroient de si rudes coups. Je connois trop ton coeur, le sort qui nous sépare Terminera tes jours: Et je n'attendrai pas qu'une main moins barbare Des miens vienne trancher le cours. Tourmens des tendres coeurs, terreurs, craintes fatales, &c. Cacique redouté, quand cette heureuse rive Retentissoit par-tout de tes faits glorieux, Qui t'eût dit qu'on verroit ton épouse captive Dans le palais de tes aieux! Scène II DIGIZE, CARIME. DIGIZE. Venez-vous insulter à mon sort déplorable? CARIME. Je viens partager vos ennuis. DIGIZE. Votre fausse pitié m'accable Plus que l'état même où je suis. CARIME. Je ne connois point l'art de feindre: Avec regret je vois couler vos pleurs. Mon désespoir a causé vos malheurs; Mais mon coeur commence à vous plaindre; Sans pouvoir guérir vos douleurs. Renonçons à la violence, Quand le coeur se croit outragé: A peine a-t-on puni l'offense, Qu'on sent moins le plaisir que donne la vengeance Que le regret d'être vengé. DIGIZE. Quand le remede est impossible, Vous regrettez les maux où vous me réduisez; C'est quand vous les avez causés. Qu'il y falloit être sensible. ENSEMBLE. Amour, amour, tes cruelles fureurs, Tes injustes caprices, Ne cesseront-ils point de tourmenter les coeurs? Fais-tu de nos supplices Tes plus cheres douceurs? Nos tourmens sont-ils tes délices? Te nourris-tu de nos pleurs? Amour, amour, tes cruelles fureurs, Tes injustes caprices Ne cesseront-ils point de tourmenter les coeurs? CARIME. Quel bruit ici se fait entendre! Quels cris! Quels sons étincelans DIGIZE. Du Cacique en fureur les transports violens.... Si c'étoit lui.... Grands dieux! qu'ose-t-il entreprendre? Le bruit redouble, hélas! peut-être il va périr; Ciel! juste ciel, daigne le secourir. On entend des décharges de mousqueterie qui se mêlent au bruit de l'orchestre. ENSEMBLE. Dieux! quel fracas, quel bruit, quels éclats de tonnerre! Le soleil irrité renverse-t-il la terre! Scène III COLOMB suivi de quelques guerriers, DIGIZE, CARIME. COLOMB. C'est assez. Epargnons de foibles ennemis. Qu'ils sentent leur foiblesse avec leur esclavage; Avec tant de fierté, d'audace & de courage, Ils n'en seront que plus punis. DIGIZE. Cruels! qu'avez-vous fait?... Mais ô ciel! c'est lui-même. Scène IV ALVAR, LE CACIQUE désarmé, & les acteurs précédens. ALVAR. Je l'ai surpris, qui seul, ardent & furieux, Cherchoit à pénétrer jusqu'en ces mêmes lieux. COLOMB. Parle, que voulois-tu dans ton audace extrême? LA CACIQUE. Voir Digizé, t'immoler, & mourir. COLOMB. Ta barbare fierté ne peut se démentir: Mais, réponds, qu'attends-tu de ma juste colere? LE CACIQUE. Je n'attends rien de toi; va, remplis tes projets. Fils du soleil, de tes heureux succès Rends grace aux foudres de ton pere, Dont il t'a fait dépositaire. Sans ces foudres brûlans, ta troupe en ces climats N'auroit trouvé que le trépas. COLOMB. Ainsi donc ton arrêt est dicté par toi-même. CARIME. Calmez votre colere extrême; Accordez aux remords, prêts à me déchirer, De deux tendres époux la vie & la couronne. J'ai fait leurs maux, je veux les réparer: Ou si votre rigueur l'ordonne, Avec eux je veux expirer. COLOMB. Daignent-ils recourir à la moindre priere? LE CACIQUE. Vainement ton orgueil l'espere, Et jamais mes pareils n'ont prié que les Dieux. CARIME à Alvar. Obtenez ce bienfait si je plais à vos yeux. CARIME, ALVAR, DIGIZE. Excusez deux époux, deux amans trop sensibles, Tout leur crime est dans leur amour. Ah! si vous aimiez un jour, Voudriez-vous, à votre tour, Ne rencontrer que des coeurs inflexibles? CARIME. Ne vous rendrez-vous point? COLOMB. Allez, je suis vaincu. Cacique malheureux, remonte sur ton trône. (On lui rend sort épée.) Reçois mon amitié, c'est un bien qui t'est dû. Je songe, quand je te pardonne, Moins à leurs pleurs qu'à ta vertu. A Carime. Pour ces tristes climats la vôtre n'est pas née. Sensible aux feux d'Alvar, daignez les couronner. Venez montrer l'exemple à l'Espagne étonnée, Quand on pourroit punir, de savoir pardonner. LE CACIQUE. C'est toi qui viens de le donner; Tu me rends Digizé, tu m'as vaincu par elle. Tes armes n'avoient pu dompter mon coeur rebelle, Tu l'as soumis par tes bienfaits. Sois sur, dès cet instant, que tu n'auras jamais D'ami plus empressé, de sujet plus fidele. COLOMB. Je te veux pour ami, sois sujet d'Isabelle. Vante-nous désormais ton éclat prétendu, Europe, en ce climat sauvage, On éprouve autant de courage, On y trouvé plus de vertu. O vous, que des deux bouts du monde, Le destin rassemblé en ces lieux, Venez, peuples divers, former d'aimables jeux! Qu'a vos concerts l'écho réponde: Enchantez les coeurs & les jeux. Jamais une plus digne fête N'attira vos regards. Nos jeux sont les enfans des arts, Et le monde en est la conquête. Hâtez-vous, accourez, venez de toutes parts, O vous, que des deux bouts du monde, Le destin rassemblé en ces lieux, Venez former d'aimables jeux. Scène V Les Acteurs précédens, peuples Espagnols & Américains. CHOEUR. Accourons, accourons, formons d'aimables jeux. Qu'à nos concerts l'écho réponde, Enchantons les coeurs & les yeux. UN AMÉRICAIN. Il n'est point de coeur sauvage Pour l'amour: Et dès qu'un s'engage. En ce séjour, C'est sans partage. Point d'autres plaisirs Que de doutes chaînes; Nos uniques peines Sont nos vains desirs, Quand des inhumaines Causent nos soupirs. Il n'est point, &c. UNE ESPAGNOLE. Voguons, Parcourons Les ondes, Nos plaisirs auront leur tour. Découvrir De nouveaux mondes, C'est offrir De nouveaux mirthes à l'amour. Plus loin que Phoebus n'étend Sa carriere, Plus loin qu'il ne répand Sa lumiere, L'amour fait sentir ses feux. Soleil! tu fais nos jours, l'amour les rend heureux. Voguons, &c. CHOEUR. Répandons dans tout l'univers Et nos trésors & l'abondance, Unissons par notre alliance Deux mondes séparés par l'abyme des mers; Fin du troisieme & dernier Acte. AIR Ajouté à la fête du troisieme Acte. DIGIZE. Triomphe, amour, regne en ces lieux, Retour de mon bonheur, doux transports de ma flâme, Plaisirs charmans, plaisirs des Dieux, Enchantez, enivrez mon ame; Coulez, torrens délicieux. Fille de la vertu, tranquillité charmante; Tu n'exclus point des coeurs l'aimable volupté. Les doux plaisirs sont la félicité, Mais c'est toi qui la rend constante. FIN Fragments D'Iphis. Tragédie Pour L'Académie Royale De Musique. Acteurs. ORTULE, roi d'Elide. PHILOXIS, prince de Micenes. ANAXARETTE, fille du feu roi d'Elide. ELISE, princesse de la cour d'Ortule. IPHIS, officier de la maison d'Ortule. ORANE, suivante d'Elis. UN CHEF des guerriers de Philoxis. CHOEUR de guerriers. CHOEUR de la suite d'Anaxarette. CHOEUR de dieux & de déesses. CHOEUR de sacrificateurs & de peuples. CHOEUR de furies dansantes. Le théâtre représente un rivage, et, dans le fond, une mer, couverte de vaisseaux. Scène I ELISE, ORANE. ORANE, Princesse, enfin votre joie est parfaite; Rien ne troublera plus vos feux. Philoxis de retour, Philoxis amoureux, Vient d'obtenir du roi la main d'Anaxarette; Elle consent sans peine à ce choix glorieux; L'aspect d'un souverain puissant, victorieux, Efface dans son coeur la plus vive tendresse Le trop constant Iphis n'est plus rien à ses yeux, La seule grandeur l'intéresse. ELISE.En vain tout paroît conspirer A favoriser ma flâme; Je n'ose point encor, cher Orane, espérer Qu'il devienne sensible aux tourmens de mon ame: Je connois trop Iphis, je ne puis m'en flatter, Son coeur est trop constant, son amour est trop tendre: Non, rien ne pourra l'arrêter; Il saura même aimer, sans pouvoir rien prétendre. ORANE. Eh quoi! vous penseriez qu'il osât refuser Un coeur qui borneroit les voeux de cent monarques? ELISE. Hélas! il n'a déjà que trop su mépriser De mes feux les plus tendres marques. ORANE. Pourroit-il oublier sa naissance, son rang, Et l'éclat dont brille le sang Duquel les Dieux vous ont fait naître? ELISE. Quels que soient les aïeux dont il a reçu l'être; Iphis fait mériter un plus illustre sort, Et par un courageux effort, Se frayer le chemin d'une cour plus brillante. Ses amiables vertus, si vertu éclatante, Ont su lui captiver mon coeur. Je me ferois honneur D'une semblable foiblesse, Si pour répondre à mon ardeur L'ingrat employoit sa tendresse: Mais, peu touché de ma grandeur, Et moins encor de mon amour extrême, Il a beau savoir que je l'aime, Je n'en suis pas mieux dans son coeur. Il ose soupirer pour la fille d'Ortule; Elle-même jusqu'à ce jour A su partager son amour Et malgré sa fierté, malgré tout son scrupule, Je l'ai vu s'attendrir & l'aimer à son tour. Seule, de son secret le tiens la confidence; Elle m'a fait l'aveu de leurs plus tendres feux. Oh! qu'une telle confiance Est dure à supporter pour mon coeur amoureux! ORANE. Quel que soit l'excès de sa flâme, Elle brisé aujourd'hui les noeuds les plus charmans. Si l'amour régnoit bien dans le fond de son ame, Oublieroit-elle ainsi les voeux & les sermens? Laissez agir le tems, laissez agir vos charmes. Bientôt Iphis, irrité des mépris De la beauté dont son coeur est épris, Va vous rendre les armes. AIR. Pour finir vos peines Amour va lancer ses traits. Faites briller vos attraits, Formez de douces chaînes. Pour finir vos peines Amour va lancer ses traits. ELISE. Orane, malgré moi, la crainte m'intimide. Hélas! je sens couler mes pleurs. Iphis, que tu serois perfide, Si, sans les partager, tu voyois mes douleurs. Mais c'est assez tarder; cherchons Anaxarette. Philoxis en ces lieux lui prépare une fête, Je dois l'accompagner. Orane, suivez-moi. Scène II IPHIS seul. Amour, que de tourmens j'endure sous ta loi! Que mes maux sont cruels! que ma peine est extrême! Je crains de perdre ce que j'aime; J'ai beau m'assurer sur son coeur, Je sens, hélas! que son ardeur M'est une trop foible assurance Pour me rendre mon espérance. Je vois déjà sur ce rivage Un rival orgueilleux, couronné de lauriers, Au milieu de mille guerriers, Lui présenter un doux hommage: En cet état ose-t-on refuser Un amant tout couvert de gloire? Hélas! je ne puis accuser Que sa grandeur & sa victoire! De funestes pressentimens Tour-à-tour dévorent mon ame; Mon trouble augmente à tous momens. Anaxarette..... Dieux..... trahiriez-vous ma flâme? AIR. Quel prix de ma constante ardeur, Si vous deveniez infidelle! Elise étoit charmante & belle, J'ai cent sois refusé son coeur. Quel prix de ma constante ardeur, Si vous deveniez infidelle! Scène III LE ROI, PHILOXIS. LE ROI. Prince, je vous dois aujourd'hui L'éclat dont brille la couronne; Votre bras est le seul appui Qui vient de rassurer mon trône: Vous avez terrassé mes plus fiers ennemis. Tout parle de votre victoire. Des sujets révoltés vouloient ternir ma gloire, Votre valeur les a soumis: Jugez de la grandeur de ma reconnoissance Par l'excès du bienfait que j'ai reçu de vous. Vous possédez déjà la suprême puissance; Soyez encore heureux époux. Je dispose d'Anaxarette, Ortule, en expirant, m'en laissa le pouvoir. Philoxis, si sa main peut flatter votre espoir, A former cet hymen aujourd'hui je m'aprête. PHILOXIS. Que ne vous dois-je point, seigneur, Que mes plaisirs sont doux, qu'ils sont remplis de charmes! Ah! l'heureux succès de mes armes Est bien payé par un si grand bonheur! AIR.Tendre amour aimable espérance, Régnez à jamais dans mon coeur. Je vois récompenser la plus parfaite ardeur, Je reçois aujourd'hui le prix de ma constance. Ce que j'ai senti de souffrance N'est rien auprès de mon bonheur. Tendre amour, aimable espérance, Régnez à jamais dans mon coeur. Je vais posséder ce que j'aime; Ah! Philoxis est trop heureux! LE ROI. Je sens une joie extrême, De pouvoir combler vos voeux. ENSEMBLE. La paix succede aux plus vives alarmes, Livrons-nous aux plus doux plaisirs; Goûtons, goûtons-en tous les charmes; Nous ne formerons plus d'inutiles desirs. LE ROI. La gloire a couronné vos armes, Et l'hymen, en ce jour, couronne vos soupirs, ENSEMBLE. La paix succede, &c. LE ROI. Prince, je vais, pour cet ouvrage, Tout préparer dès ce moment: Vous allez être heureux amant: C'est le fruit de votre courage. PHILOXIS. Et moi, pour annoncer en ces lieux mon bonheur, Allons, sur mes vaisseaux triomphant & vainqueur, De dépouilles de ma conquête Faire un hommage aux pieds d'Anaxarette. Scène IV ANAXARETTE seule, AIR. Je cherche en vain dissiper mon trouble, Non, rien ne sauroit l'appaiser; J'ai beau m'y vouloir opposer, Malgré moi ma peine redouble. Enfin il est donc vrai, j'épouse Philoxis, Et j'ai pu consentir à trahir ma tendresse! C'est inutilement que mon coeur s'intéresse Au bonheur de l'aimable Iphis. Falloit-il, Dieux puissans, qu'une si douce flâme, Dont j'attendois tout mon bonheur, N'ait pu passer jusqu'en mon ame Sans offenser ma gloire & mon honneur: Je cherche en vain, &c. Je sens encor tout mon amour, Quoique pour l'étouffer l'ambition m'inspire, Et je m'apperçois trop qu'à leur tour Mes yeux versent des pleurs, & que mon coeur soupire. Mais quoi pourrois-je balancer? Pour deux objets puis-je m'intérsser? L'un est roi triomphant, l'autre amant sans naissance; Ah! sans rougir je ne puis y penser; Et j'en sens trop la différence, Pour oser encor hésiter: Non, sachons mieux noirs acquitter Des loix que la gloire m'impose. Régnons, mon rang ne me propose Qu'une couronne à souhaiter; Et je ne serois plus digne de la porter, Si je desirois autre chose. Scène V ELISE, ANAXARETTE. Suite d'Anaxarette qui entre avec Elise. ELISE. Philoxis est enfin de retour en ces lieux, Il ramene avec lui l'amour & la victoire; Et cet amant, comblé de gloire, En vient faire hommage à vos yeux: Ces vaisseaux triomphans, autour de ce rivage, Semblent annoncer ses exploits. Nos ennemis vaincus, & soumis à nos loi Sont des preuves de son courage. Princesse, dans cet heureux jour, Vous allez partager l'éclat qui l'environne; Qu'avec plaisir on porte une couronne, Quand on la reçoit de l'amour. ANAXARETTE. Je sens l'excès de mon bonheur extrême, Et je vois accomplir mes plus tendres desirs. Hélas! que ne puis-je de même Voir finir tees tendres soupirs! On entend des trompettes & des timbales derriere le théâtre. Mais qu'entends-je? quel bruit de guerre Vient en ces lieux frapper les airs? ELISE. Quels sons harmonieux! quels éclatans concerts! ENSEMBLE. Ciel! quel auguste aspect paroît sur cette terre! Scène VI Ici quatre trompettes paroissent sur le théâtre, suivis d'un grand nombre de guerriers vêtus magnifiquement. ANAXARETTE, ELISE, suite d'Anaxarette, chef de guerriers, choeur de guerriers. LE CHEF des guerriers à Anaxarette. Recevez, aimable princesse, L'hommage d'un amant tendre & respectueux. C'est de sa part que dans ces lieux Nous venons vous offrir ses voeux & sa richesse. En cet endroit on voit entrer, au son des trompettes, plusieurs guerriers, vêtus légérement, qui portent des présens magnifiques à la fin desquels est un beau trophée; ils forment une marche, & vont en dansant offrir leurs présens à la princesse, pendant que le chef des guerriers chante. LE CHEF des guerriers. Régnez à jamais sur son coeur, Partagez son amour extrême, Et que de sa flâme même Puisse naître votre ardeur. Et-vous guerriers, chantons l'heureuse chaîne Qui va couronner nos voeux; Honorons notre souveraine, Sous ses loix vivons sans peine: Soyons à jamais heureux. CHOEUR des guerriers. Chantons, chantons l'heureuse chaîne Qui va couronner nos voeux; Honorons notre souveraine, Sous ses loix vivons sans peine; Soyons à jamais heureux. ELISE.Jeunes coeurs, en ce séjour Rendez-vous sans plus attendre, Craignez d'irriter l'amour. Chaque coeur doit à son tour Devenir amoureux & tendre. On veut en vain se défendre, Il faut aimer un jour. Source: http://www.poesies.net