Fais Ce Que Je Dois. Par François Coppée. (1842-1908) ÉPISODE DRAMATIQUE, EN UN ACTE, EN VERS REPRÉSENTE POUR LA PREMIBRE FOIS SUR LE THÉATRE DE L'ODÉON, LE 21 OCTOBRE 1871. A BEAUVALLET. Commne un témoignage du profond chagrin que m'a causé le douloureux accident qui a empéché le grand tragédien de créer le rôle de Daniel. A LOUIS DUMAINE Son élève, qui, en disant ces quelques vers, a fait planer sur les spectateurs l'âme même de la Patrie. A tous deux, Admiration et reconnaissance, FRANÇOIS COPPÉE. 21 octobre 1871. PERSONNAGES DANIEL, maître d'école. MARTHE, veuve d'un officier. HENRI, son jeune fils. Dans un port de mer, en 1871. La terrasse d'un hôtel meublé, dans un port. Au fond, par une galerie à jour, nn aperçoit des mets de navire et l'horizon de la mer. - Au lever du rideau, Marthe, en grand deuil, est assise. Son fils Henri, garçon de quatorze ans environ, en deuil aussi, se tient debout auprès d'elle. SCÈNE PREMIÈRE MARTHE, HENRI. HENRI. Ainsi, nous émigrons? MARTRE. Oui, nous quittons la France. HENRI. Voyager! quel bonheur! MARTHE. C'est assez de souffrance. Ces quelques mois me font plus vieille de dix ans. Nous avons des moyens de vivre suffisants, Etnous nous embarquons, ce soir, pour l'Amérique. Non! je ne forme pas un espoir chimérique En croyant que là-bas tu feras ton chemin. Mais, ici, j'ai vraiment trop peur du lendemain! Nous partons. HENRI. Tu seras heureuse! MARTHE. Je l'espère. L'enfant s'éloigne et va regarder l'Océan; elle le suit des yeux. Cette guerre maudite! elle m'a pris ton père, Et je ne connais pas l'endroit de son tombeau; Et toi, mon bien-aimé, toi, si pur et si beau, On te réserverait la même destinée! - 0 France que j'aimais, patrie où je suis née, Dont le langage est doux à mes lèvres toujours, Car enfin c'est celui de mes jeunes amours Et celui dans lequel ce fils m'a dit : Ma mère ! Hélas ! je devais donc t'accuser d'être amère, Trouver ton ciel funeste et ton air étouffant! Mais tu m'as faite veuve et je n'ai qu'un enfant. HENRI. Comme c'est beau, la mer! et comme un long voyage, Ce doit être amusant! Mais vois donc ce nuage De fumée et ce grand vaisseau. MARTHE. C'est un steamer Qui revient de là-bas. HENRI. Comme c'est beau la mer! Tantôt, maman, j'ai vu notre trois-mâts qu'on charge. Un matelot disait : - Le vent souffle du large. - Cela faisait flotter, ainsi que des rubans, Les joyeux pavillons pavoisant les haubans; Un mulâtre, tout noir sous la blancheur du linge, Passait; un petit mousse, agile comme un singe, Descendait d'une vergue; et, tout le long des quais, Au milieu des ballots, des fruits, des perroquets, De l'odeur du goudron et du frisson des voiles, Enchanté, je lisais, peints en noir sur des toiles, Ces noms clairs et légers comme des cris d'oiseau : Le Brésil, La Plata, Lima, Valparaiso. Oh! partir sur la mer! - Et puis j'ai du courage. J'ai réfléchi. Tant pis si nous faisons naufrage. Comment! j'aimerais mieux que la mer écumât, Car je te sauverais sur un débris de mât. Je sais mon Robinson par coeur. Que tu le veuilles Ou non, je te ferais une maison de feuilles Sur une plage d'or, devant les flots nombreux, Et là nous resterions tout seuls et très heureux, Bien plus, chère maman, qu'ici nous ne le sommes; Car ne te vois-je pas triste parmi les hommes? MARTHE. Enfant! A part. Comme à cet âge on sait vite oublier! Haut. Allons! va voir un peu jusqu'à notre voilier : J'e crains que l'on n'ait pas inscrit notre passage. HENRI. J'y cours. MARTHE. Embrasse-moi, mon mignon, et sois sage. Henri l'embrasse et sort. SCÈNE II MARTHE. Non, si je n'étais pas heureuse. dans l'exil, Du moins ce pauvre cher petit le sera-t-il! La patrie, après tout, un préjugé vulgaire, Qui me prendrait cet ange à la prochaine guerre Et qui le jetterait en pâture au canon! Et cependant, ô France! il prononçait ton nom, Ce héros que j'aimais, tombé dans la mêlée. -Mon Dieu, s'il pouvait voir que je m'ensuis allée Du village de France où nous fùmes heureux, Et qu'en deuil, à travers le monde aventureux, J'emmène son enfant pour tenter la fortune; Si, tout sanglant... Ce songe horrible m'importune! Mais je suis mère, et j'ai bien fait comme je fis. Je n'ai d'autre devoir que de sauver mon fils. Mon âme interrogée a confiance en elle; Elle doit écouter sa crainte maternelle. Tout autre sentiment dans mon coeur est tari. Daniel parait au fond. Ah! Daniel, le vieil ami de mon mari! SCÈNE III MARTHE, DANIEL. DANIEL. Vous partez? MARTHE. Ce soir même. DANIEL. Et l'enfant? MARTHE. M'accompagne. DANIEL. Écoutez. Dans la pauvre école de campagne Où j'apprends l'alphabet aux petits paysans, Je n'ai là que des coeurs bons et peu médisants; Mais lorsqu'ils ont appris que, pour un long voyage, Avec leur jeune ami vous quittiez le village, Que devant l'avenir sombre et plein (le danger, Leur petit compagnon fuyait à l'étranger, 0 Marthe, ils ont trouvé le mot qui déconcerte, Et, comme d'un soldat, ils ont dit : - Il déserte. MARTHE. Mon ami !... DANIEL. Votre fils, c'est vrai, n'est qu'un enfant : Vous disposez de lui; mais l'honneur vous défend De l'entraîner si loin, avant qu'il y consente. Avez-vous éclairé sa jeune âme innocente? De vous, pauvre affolée, a-t-il bien pu savoir Ce qu'est une patrie et quel est son devoir? Connaît-il cette guerre infime et notre haine? Sait-il qu'on nous a pris l'Alsace et la Lorraine, Que Metz et que Strasbourg ont dû courber leurs fronts Sous le joug allemand, et que nous en souffrons Comme un soldat, pendant sa vieillesse attristée, Souffre encor dans sa jambe autrefois amputée? Sait-il que dans nos mains on a brisé le fer? Et sait-il que son père est mort à Froeschwiller? MARTHE. Oui. Mais il sait encore, et surtout, que je l'aime, Qu'il est toute ma vie et mon espoir suprême, Et, s'il fallait le perdre, enfin, que j'en mourrais. DANIEL. Marthe! MARTHE. Rappelez-vous le soir où je pleurais, Près de vous, au début de l'affreuse campagne, Lorsque cet officier, captif en Allemagne, M'envoya cette croix d'honneur de mon mari Et ces mots, par lesquels je sais qu'il a péri. Rappelez-vous! C'était une nuit de septembre ; M'agenouillant alors du côté de la chambre Oii se trouvait le lit de mon fils endormi, Ardemment j'ai prié devant vous, mon ami, Disant : - Conservez-le, Seigneur plein d'indulgence, Pour mon amour ! DANIEL. Et j'ai songé : Pour la vengeance. 0Marthe, au nom du sang, au nom des pleurs versés... MARTHE. Non. La France m'a pris mon époux : c'est assez! DANIEL. Vous ne pouvez partir ! MARTHE. Dès ce soir, je l'emmène. DANIEL. Lâcheté! MARTHE. Je n'ai pas l'âme d'une Romaine. DANIEL. Mais vous regretterez, demain, ce moment-ci. MARTHE. Je suis mère. DANIEL. La France est une mère aussi. MARTHE. Une mère qui veut qu'on s'égorge pour elle. DANIEL. Nous lui devons nos bras pour venger sa querelle. MARTHE. Et vous vous déchirez entre vous aujourd'hui. DANIEL. 0 Marthe! votre époux vous entend. MARTHE. Oui, c'est lui Dont la voix dit: Va-t'en! -tout bas, à mon oreille. DANIEL. Vous blasphémez! SCÈNE IV MARTHE, DANIEL, HENRI. HENRI. Maman, le navire appareille, Et ses voiles déjà palpitent dans le ciel. Partons vite, partons! Ah! monsieur Daniel. DANIEL. Henri... MARTHE. N'écoute pas cet homme ; il va te dire, Enfant, qu'il ne faut pas monter sur ce navire, Il va t'épouvanter du voyage lointain, Des dangers inconnus et du but incertain. Puis il prononcera bien haut le nom de France; Il voudra te donner sa menteuse espérance ; Il prédira des temps meilleurs, des jours plus beaux Un souffle glorieux passant dans les drapeaux, Et les joyeux soldats marchant à la frontière. N'écoute pas cet homme, enfant! Ta vie entière, Il la sacrifierait à son rêve trompeur. Il fera résonner les grands mots qui font peur, Évoquant le passé sombre et les morts eux-mêmes. - Enfant, n'écoute pas cet homme, si tu m'aimes! DANIEL. Marthe, vous vous trompez; et je ne doute pas Du calme et vrai bonheur qui vous attend là-bas. Vous me connaissez trop pour croire que je mente. Partez. Le ciel est pur et la mer est clémente; Vous avez le bon vent et le flot régulier. Partez. Le nouveau Monde, au sol hospitalier, Où vous irez, conduits par la brise docile, Vous garde ses déserts immenses pour asile Qui, dans la solitude, au soleil assoupis, N'attendent qu'un colon pour se charger d'épis, Et ses plaines sans fin et jamais parcourues Où l'on trouve de l'or au sillon des charrues. C'est là qu'est le bonheur. Aussi, je vous le dis, Partez. Vous trouverez là-bas un paradis. - Pour un homme pratique, et qui compte, et qui s'aime, La patrie est le champ qu'on laboure et qu'on sème, Et c'est un sentiment très stupide et très vieux De s'attacher au sol où dorment les aïeux. Et puis, que quittez-vous? une France frappée, Qui saigne en s'appuyant sur un tronçon d'épée. Fuyez. Vous resteriez ici dans un enfer. Avec une profonde tristesse. Nous sommes arrivés à notre âge de fer, Et ce pays descend une fatale pente. Espérer qu'il s'arrête un jour et se repente, Nourrir cette sublime et folle illusion Qu'il redevienne encor la grande nation, Qu'il se relève enfin, je ne l'ose plus guère. Hélas! ce que j'ai vu dans la dernière guerre M'a souvent fait penser que j'avais trop vécu, Et, dussé-je irriter ta rage de vaincu, Peuple qui dans l'orgueil et le mal persévères, Tes fils sauront de moi les vérités sévères. Oui! lorsque dans l'école ils viendront se ranger Et sur nos grands malheurs d'hier m'interroger, Il faudra que leur maître accablé leur raconte Qu'il a pleuré du sang et sué de la honte. Il faudra qu'il distingue, en sa ferme équité, De ce qui fut fatal, ce qui fut mérité ; Qu'il leur dise quel vent d'incroyable folie Souffla pendant six mois sur la France envahie; Ces chefs et ces soldats se jetant sans raison Le mot de lâcheté, le mot de trahison; Les factieux, malgré le danger de la ville, Réservant leurs fusils pour la guerre civile; Les aboiements des clubs, les efforts des partis Par le malheur public à peine ralentis; La foule se grisant de journaux et d'affiches; La chasse aux croix d'honneur; des gens devenus riches En volant sur le pain et l'habit du soldat; Et, dernier déshonneur et suprême attentat! A l'heure du profond désespoir et des larmes Où Paris épuisé dut déposer les armes, A l'heure où, sous ces murs, ceux qui l'avaient vaincu, Tristes que le géant eùt encor survécu, N'osaient trop s'approcher et se disaient: -Ilbouge!- L'émeute parricide et folle au drapeau rouge, L'émeute des instincts sans patrie et sans Dieu, Ensanglantant la ville et la livrant au feu, Devant les joyeux toasts portés à nos ruines Par cent mille Allemands debout sur les collines ! 0 maître, finissez! Vous me faites rougir. DANIEL. Non, enfant, il est temps encor de réagir : Parfois la guérison est prompte après la crise. Oui 1 je veux appliquer le fer qui cautérise Sur le mauvais orgueil, dans ces jeunes esprits. Mais, lorsque je verrai qu'ils m'ont enfin compris Et qu'ils courbent le front sous ma sombre parole, Alors je leur tiendrai le discours qui console. -Je leur dirai qu'il fut encore des héros Chez nos pauvres soldats arrachés aux hameaux, Lorsque nous inonda cette effroyable armée; Comme on a bien souffert clans la ville affamée Ois pas un ne parlait de se rendre, pas un ! Et comme on a bien su mourir à Châteaudun. Je leur dirai comment, dans Paris qu'on assiège Et dans les camps lointains dispersés sur la neige, On lutta de son mieux et l'on fit son devoir; Comment ceux-ci voyant toujours l'horizon noir, Ceux-là croyant toujours, France! à ton étoile, Mangèrent le pain dur, dormirent sous la toile Et tombèrent, vaincus, mais frappés par devant. Je leur raconterai ces histoires, enfant : Je les enivrerai de haine et de souffrance, Et je préparerai des vengeurs à la France. HENRI Des vengeurs ! MARTHE. Daniel, Daniel, songez-y! Vous le savez : je n'ai que ce pauvre enfant-ci. Vous savez quelle fut la mort affreuse et lente De son père, couché sur la paille sanglante, Au milieu des hourrahs vainqueurs des ennemis. Vous-même convenez que le doute est permis, Que cette nation est peut-être perdue. Daniel, répondez. Faut-il qu'on me le tue Pour un dernier effort inutile, pour rien? Oh! je n'ai plus d'espoir! DANIEL. Marthe, écoutez-moi bien. Je suis simple d'esprit et n'ai rien d'un prophète, Et pourtant, malgré tout, malgré notre défaite, Je crois que nous pouvons encore être sauvé. MARTHE. Mais un enfant!... Enfants, c'est vous qui le pouvez. Car pour notre revanche, hélas! trop peu certaine, Nous n'osons entrevoir qu'une date lointaine. L'ceuvre doit être longue et patiente ; et nous, Nous qui vous aurons fait monter sur nos genoux Afin de vous parler plus près des représailles, Lorsque vous partirez, enfants, pour les batailles, Nos cheveux déjà gris seront tout à fait blancs, Et nous vous bénirons avec des bras tremblants. MARTHE. Vous doutez cependant de ce pays frivole? DANIEL. Nous le transformerons, nous, les maîtres d'école. Donnez vos fils; ils sont ardents et belliqueux. Donnez. Nous sauverons la patrie avec eux. -Si nous le voulons bien... MARTHE. La revanche! chimère, Vain rêve, oeuvre impossible ! HENRI. Écoutons-le, ma mère. DANIEL. Oui, si ce peuple veut et si tout son passé De folie et d'erreur est un jour effacé, Si de son ignorance enfin il se délivre, S'il apprend à choisir la parole et le livre, S'il.cherche le progrès logique et régulier, S'il se plie à la loi, s'il sait répudier La révolution dont le monde s'effraie, Et, prenant le chemin de la liberté vraie, Qui n'est que le respect de soi-même et d'autrui, S'il répare et maudit ses fautes d'aujourd'hui, Il reprendra sa place à la tête du monde. Celle, avant de fonder la paix bonne et féconde, Il lui faudra combattre encor, il lui faudra Une guerre où l'Europe entière tremblera; Car il n'est pas de joug qu'enfin on ne secoue : II ne peut pas garder ce soufflet sur la joue. Mais pour cette oeuvre sainte il n'a qu'un seul moyen, C'est de faire un soldat de chaque citoyen, De la patrie entière une famille armée Et du seul sentiment du devoir enflammée, Où le riche bourgeois coudoira l'artisan, Où le noble sera l'égal du paysan. Car dans le régiment la nation se mêle : On partage la tente, on mange à la gamelle, On se voit, on se parle et l'on devient amis. Et quand tous ces soldats, à de vrais chefs soumis, S'estimant, et montrant, dans le même service, Un même dévoûment, un même sacrifice, Contents du travail fait et du fusil porté, Unis par les liens de la fraternité, Marcheront dans le rang, calmes, forts, sans murmure, 0 mon pays en deuil, la chose sera mire, Et, poussant vers le ciel ton cri de conquérant, Tu pourras les répandre alors comme un torrent, Et planter, glorieux, les trois couleurs altières De notre vieux drapeau sur nos vieilles frontières ! MARTHE. Et si nous succombons encore? Si, vainqueur, Le fer de l'Allemand nous entre jusqu'au coeur? Si Paris voit encor autour de ses murailles?... DANIEL. Femme, nul ne connaît le destin des batailles. Mais, s'il doit les revoir couvrir son horizon, (lue Paris cette fois songe à son vieux blason. Avec enthousiasme. 0 navire ! voilà bien longtemps que la houle Sur le morne Océan te harcèle et te roule, Et que le rude assaut des lames et des vents Fait craquer ta carène et grincer tes haubans. Nous t'avons vu souvent, sous l'effort de l'orage, Courir vers les écueils et voler au naufrage, 0 vaisseau qui du grand Paris portes le nom ! Dans l'ouragan hurlant plus haut que le canon, Nous t'avons vu souvent t'abîmer sous la brume ; Mais tu te relevais toujours, couvert d'écume, Superbe, et vomissant l'eau par les écubiers. Donc, s'il faut qu'à la fin, Français, voussuccombiez Dans un combat suprême, écrasés par le nombre, Si Paris doit périr, si c'est bien l'heure sombre D'amener pavillon ou de couler à pic, Souviens-toi de Jean-Bart et de Du Couëdic, Navire, souviens-toi de Villaret-Joyeuse ! Lorsqu'après la bataille atroce et furieuse, Rouge de sang, n'ayant plus de mâts, plus d'agrès, Tu verras ces maudits face à face, tout près, Et te jetant déjà les chaînes de l'esclave, Meurs en volcan pour les engloutir sous ta lave! Et que le monde entier convienne avec effroi Que le sort du Vengeur est seul digne de toi! HENRI. 0 mère, il a raison ! C'est un conseil funeste Que te donnait tout bas ton désespoir. A Daniel. Je reste. MARTHE, à Daniel. Hélas ! qu'avez-vous fait? DANIEL. Le devoir est ici. MARTHE, à Henri. Tu l'exiges de moi, cruel enfant? HENRI, se jetant à son cou. Merci! MARTHE. Soit, je cède, et je mets au ciel mon espérance. Dieu, protège mon fils! DANIEL. Dieu, protège la France ! Source: http://www.poesies.net